L’Anima(le) del museo, un fascinant espace public

Inaugurée le 5 avril 2024, nichée dans les espaces dynamiques du Centre Luigi Pecci pour L’art contemporain à Prato, en Italie, une série vibrante de formes géométriques dansent avec des lignes colorées et des courbes, insufflant la vivacité. Positionné le long de l’entrée, entre la structure originale du musée et sa nouvelle extension, émerge un nouveau terrain de jeu conçu pour les enfants et les adolescents. Connue sous le nom de L’Anima(le) del museo, le projet est le résultat de la collaboration entre ECÒL et Luca Boscardin.
Entre l’art, l’architecture, le design
Tissant un lien étroit entre l’art, l’architecture, le design et la sculpture pour évoquer et incarner l’essence d’une créature fantastique, invitant les visiteurs dans un royaume imaginaire, cet espace indéterminé mais nécessaire, situé entre l’architecture de deux époques distinctes, est l’une des diverses nouveautés du Centre Luigi Pecci pour l’Art contemporain à Prato. L’ensemble qui comprend les espaces d’exposition, les salles, les ateliers pédagogiques, le cinéma ainsi que la librairie a été conçu à l’origine par Italo Gamberini en 1988. L’ancienne structure se caractérise par une géométrie fragmentée, composée d’un parallélépipède à base carrée abritant des salles d’exposition sur sa partie supérieure tandis que les murs du rez-de-chaussée accueillent gracieusement diverses fonctions. Cette juxtaposition où les formes se marient parfaitement avec le chemin alentour, crée un flux harmonieux pour les visiteurs.
L’extension de Maurice Nio, construite en 2016, enrichit encore ce puzzle architectural, faisant écho au motif de la circularité dans ses parcours. Il s’agit d’un élément déterminant qui façonne à la fois l’architecture du musée et définit le parcours du visiteur. Adjacent au bâtiment d’origine, l’extension introduit un corps curviligne qui non seulement embrasse son prédécesseur, mais développe ses potentialités fonctionnelles. Délibérément, Nio a laissé un interstice entre les deux structures, c’est un espace laissé ouvert à l’interprétation et aux possibilités. C’est à cet endroit précis que prend place le projet collaboratif imaginé par ECÒL et Luca Boscardin, deux personnalités qui tissent ensemble les principes géométriques de deux architectures différentes pour créer un terrain de jeu unique : un nouvel espace vibrant, dense, ouvert à l’interaction et au jeu.
Comme une créature fantastique
Les géométries convergent pour former une toile semblable à celle d’une créature fantastique. Des éléments tridimensionnels, s’élèvent du sol, faisant allusion à divers parties de l’anatomie d’une étrange créature – la bouche, les antennes, les griffes, une cicatrice et la queue – immergée. Les jeunes visiteurs entrent ainsi dans un monde imaginé par ECÒL et Luca Boscardin. L’Anima(le) del musée est un projet qui possède un pouvoir insaisissable. Formellement conçu comme une aire de jeux pour compléter les activités du Département d’Éducation du Centre Pecci, cette intervention favorise une architecture conceptuelle dérivée des structures existantes, occupant les espaces interstitiels entre les bâtiments, et comblant l’ambiguïté programmatique initialement articulée par Maurice Nio.
Le nouveau corps du musée, notamment le nouvel élément vertical – un élément architectural monumental conçu par Maurice Nio pour symboliser une antenne captant les signaux du futur- a suscité diverses interprétations avant même son achèvement. La collaboration avec Luca Boscardin, qui apporte son expertise en tant que designer et illustrateur, a insufflé de la vitalité et a libéré le potentiel imaginatif du projet. Tout comme la créature énigmatique qui habite le musée, ce projet navigue à travers crevasses et se révèle subtilement. Il insuffle une nouvelle vie ainsi qu’un savant dialogue avec les structures existantes, invitant à une exploration renouvelée. L’Anima(le) del museo ne fait pas peur, il invite au jeu, transformant un espace public ordinaire en terrain d’exploration. Bien qu’ouvert à tous, son attrait est particulièrement captivant pour les enfants.
Libérer les créativités
Le dessin abstrait transcende les notions conventionnelles du terrain de jeu présentant plutôt des informations pratiques des sculptures qui invitent les enfants à libérer leur créativité et s’engager dans une interaction illimitée. Ces éléments, dépourvus de prédétermination des fonctions telles que des toboggans ou des balançoires, servent comme catalyseurs de l’expression personnelle favorisant la connexion entre le jeune public, le musée, et l’art. Ces installations ludiques transforment le parc du musée en un vaste parc sculptural, étendant sa portée au-delà des limites physiques et nourrissant une culture de l’engagement et de la participation du public. Le caractéristiques et habitudes de la créature, tels que son apparence, ses caractéristiques distinctives, les mouvements, le régime alimentaire, la taille et la personnalité sont le résultat d’une série d’ateliers collaboratifs centré sur le thème de la pièce de théâtre, réalisée en collaboration avec 16 classes des écoles primaires et secondaires locales. Parrainé par la municipalité de Prato, le projet a été développé dans le cadre du projet « Ciel’in Initiative Città », conçue et coordonnée pour la Fondation pour les Arts Contemporains de Toscane par Irene Innocente, coordinatrice du Département d’Éducation du Centre Luigi Pecci pour l’art contemporain. En élaborant la vision du nouveau terrain de jeu, une approche collaborative a pris le devant, fusionnant les perspectives uniques des jeunes participants avec la traduction de leurs idées en concepts architecturaux tangibles. Depuis le début du projet, les architectes ont facilité un atelier de co-conception, invitant les jeunes esprits pour dessiner leurs créatures fantastiques. Cela a conduit à la définition collective d’un ou plusieurs créatures imaginaires capables à la fois d’interpréter et de stimuler les besoins spatiaux et sociaux des participants âgés de 3 à 17 ans, en les engageant dans le dialogue avec l’espace muséal au sens large ainsi que ses fonctions.





Les photos : © Claudia Gori pour ECÒL.