La grange oubliée

Une vieille grange oubliée, discrètement cachée derrière une rangée de maisons de ville, mais à quelques pas de la place, nichée dans une cour entre de grands arbres et des murs de briques patinés par le temps. Studio Karnet architekti a terminé la réhabilitation complète de ce morceau d’histoire qui, grâce à l’architecture, entame une nouvelle vie.

Préserver les ruines

L’agence Studio Karnet architekti a préservé les ruines en pierre d’origine, dans lesquelles ils ont conçu une nouvelle maison familiale. Michael Karnet, le fondateur de l’agence nous raconte que Václav et Marie rendaient visite à leur grand-mère dans la petite ville de Dobříš, nichée au pied des collines de Brdy, située dans la région de Bohème-centrale, en Tchéquie. Lorsque l’opportunité s’est présentée d’acheter un terrain avec une vieille grange en pierre juste à côté de son jardin, les propriétaires n’ont pas hésité un instant. Ils voulaient que leurs enfants puissent rendre visite à leur grand-mère par des passages secrets dans la clôture, l’aider à désherber les parterres de fleurs et, en même temps, trouver un pied à terre. Le duo espérait créer un espace où leurs enfants pourraient écouter les histoires et entretenir une relation dont ils se souviendraient plus tard. Mais qu’en est-il de la grange et de ses souvenirs ? La démolir et la reconstruire à neuf ? À l’origine, c’était l’un des plans élaboré. Après avoir vécu des expériences précédentes, le couple ne voulait pas s’engager sur la voie de la reconstruction. Mais lorsqu’ils ont jeté un œil à l’intérieur, ils ont immédiatement su quoi faire. Ils ont décidé de construire une nouvelle maison à l’intérieur de la grange. La coque en pierre a été conservée, la structure a été stabilisée et une maison en bois préfabriquée a été placée à l’intérieur. L’agencement a été adapté à la maçonnerie d’origine et aux ouvertures voûtées, mais l’ensemble est resté structurellement complètement séparé. La frontière entre l’intérieur et l’extérieur s’est dissoute. Le nouveau s’est tissé à travers l’histoire, et il est aujourd’hui difficile de déterminer où commence l’intérieur et où finit l’extérieur. Le chemin vers l’extérieur ne mène qu’à travers l’atmosphère du passé et les traces laissées par les générations précédentes.

Intervenir sur l’existant

Le bâtiment, dont l’histoire remonte au moins à 1912, appelait clairement à la préservation. Le foin était stocké sous les poutres du toit fabriquées à la main et les agriculteurs circulaient par les passages en pierre voûtés avec leurs charrettes. Au fil des ans, cependant, la grange a accumulé des couches de plâtre, des extensions et divers éléments en bois. Tout cela a dû faire place à la nouvelle fonction. Le bâtiment a été dépouillé de sa coque en brique et en pierre et a fait l’objet d’une attention presque apparentée à la préservation du patrimoine. Les murs en pierre, dépourvus de fondations, ont été stabilisés par une chape en béton et, dans certaines zones, par un bardage, ce qui a permis de les préserver et de les protéger d’une détérioration ultérieure. « Nous avons enlevé l’ancien toit et, après des années, nous avons rouvert les ouvertures de ventilation d’origine. » Souligne l’architecte. En raison de son mauvais état technique, le mur de contreventement vertical interne a dû être remplacé par une structure en acier qui s’étend au-dessus du passage dans la partie nord. La nouvelle dalle de fondation a été placée à l’intérieur du bâtiment avec suffisamment d’espace libre pour ne pas compromettre les murs en pierre. À ce stade, le bâtiment était prêt pour sa nouvelle phase. « Dès le premier concept, nous savions que la stabilité des fondations des murs d’origine ne devait pas être compromise, il était donc clair qu’une structure en bois serait insérée dans la grange. » Le défi majeur a consisté de défaire la structure du toit, les constructions du plafond et les généreux débords de toit conçus pour s’étendre au-dessus des murs en pierre pour leur protection, combinés à la lucarne longitudinale. « Grâce à la collaboration avec les ingénieurs de Martinice Group, tout a été résolu sans qu’il soit nécessaire de modifier le concept d’origine et la coque du bâtiment a été achevée en seulement dix jours. » Raconte l’architecte. Compte tenu de la hauteur du mur d’origine, les entrepreneurs ont conçu des supports inclinés pour les chevrons du surplomb, ce qui s’est avéré être une solution très élégante, même dans les zones sous les lucarnes. « La structure périphérique a été conçue pour être très fine, ce qui nous a permis de gagner plusieurs centimètres d’espace supplémentaire à l’intérieur. L’assemblage des murs n’a que 333 mm d’épaisseur et est diffus, ce qui était essentiel pour la ventilation naturelle. De plus, il dispose d’une cavité d’installation, que nous utilisons souvent pour ajuster les positions des luminaires, des interrupteurs et des prises. » Continue Michael Karnet.

En faire un paradis sur terre

La grange divise la parcelle en deux moitiés, créant deux jardins aux caractéristiques différentes, en termes d’intimité ou d’heure de la journée où la lumière directe du soleil tombe dessus. Chaque moitié offre un mode d’utilisation différent, que ce soit pour la détente ou à des fins pratiques, ce qui s’est avéré crucial pour l’agencement de la structure en bois insérée. L’accès à la maison se fait par l’ouest, ce qui a permis d’utiliser la paire supérieure de passages voûtés au nord comme espace de stationnement ouvert tout en offrant un espace pour le passage d’équipements plus voûtés vers l’autre moitié du terrain. Juste à côté du passage, dans la partie supérieure de la maison, se trouvent un atelier et un espace de stockage extérieur pour le matériel sportif saisonnier, couronné par l’étage supérieur. La pièce à vivre principale est située entre la deuxième paire de couloirs voûtés, dans la partie sud de la maison. Devant les passages se trouvent deux terrasses, l’une faisant face à la moitié la plus calme du terrain, baignée de soleil l’après-midi, tandis que la terrasse opposée accueille les rayons du matin. En conséquence, il n’était pas nécessaire de perturber visuellement le mur de pierre de la grange avec une pergola traditionnelle. Les rayons du matin filtrent à travers les fenêtres orientées à l’est dans les chambres des enfants et la chambre à l’étage, qui comprend également deux salles de bains et un bureau relié à la chambre d’amis et à une petite salle de sport. Au-dessus du passage, une grande terrasse a été créée à l’étage supérieur. Un élément clé de la conception consiste sur le travail sur la lumière. Pour apporter le plus de lumière possible à l’intérieur, une partie du toit est vitrée et le bâtiment utilise des fenêtres de grand format, à travers lesquelles la lumière pénètre dans l’espace de vie, guidée par le mur de pierre décalé. L’espace de vie commune est reliée à la cuisine et à la salle à manger, permettant à la famille de rester en contact permanent. La vieille grange oubliée, délaissée vient de se réveiller !

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